Il manquait une rubrique scientifique à Causeur. Peggy Sastre comble enfin cette lacune. À vous les labos!
Posez la question à un Américain lambda : quel type de personne ne veut-il pas avoir comme gendre ou comme bru ? Dans les années 1950, la réponse aurait été « quelqu’un d’une couleur de peau différente ». Aujourd’hui ? « Quelqu’un qui ne vote pas comme moi. » En 1960, seulement 4 % des Républicains et des Démocrates faisaient la triste mine si leur fils ou leur fille envisageait de trouver chaussure à son pied de l’autre côté de l’échiquier politique. Selon des chiffres de 2019, ils sont respectivement 35 % et 45 %, ce qui fait des États-Unis l’un des pays les plus politiquement polarisés au monde. Non seulement on ne s’y marie guère entre opinions opposées, mais on n’habite pas les mêmes quartiers, on ne lit pas les mêmes journaux, on ne fréquente pas les mêmes écoles, les mêmes lieux de culte et, plus généralement, on ne vit pas dans le même monde. Chacun dans sa bulle. Largement plus que l’origine ethnique ou la sexualité – la tolérance pour les mariages mixtes ou homosexuels atteint de nos jours ses records historiques –, la politique est le grand diviseur de la société américaine. Tellement que, selon les recherches de James L. Gibson, politologue à l’université de Washington à Saint-Louis, et son collègue de Columbia, Joseph L. Sutherland, ces clivages
